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Cet article est le n°2/52 de la série Défi : “52 idées à explorer pour aider vos 12-25 ans à trouver leur voie”
Une enquête réalisée par Harris Interactive1 en mai 2018 sur un échantillon de 1000 étudiants de l’enseignement supérieur nous révèle que 74 % des lycéens et 64 % des étudiants du supérieur considèrent que les parents sont les personnes les plus influentes concernant leurs choix de filière.
Ouh ! là ! là ! ça nous met la pression tout ça ! Alors, comment pouvons-nous influer positivement sur les choix de nos ados sans leur imposer nos points de vue ? Comment les aider à faire des choix éclairés ? Pourquoi seront-ils plus heureux s’ils apprennent à choisir et à décider (et nous aussi par la même occasion) ?
Venez plonger avec moi dans le grand bain houleux des choix d’orientation…Il y a peu de temps, j’ai bien failli m’y noyer !
Histoire d’un choix parfait qui n’était pas le bon
“L’expérience, c’est le nom que chacun donne à ses erreurs”, Oscar Wilde
Ces dernières semaines ont été riches en émotions. Nous aurions pu les vivre comme un petit drame familial. Heureusement, nous avons traversé la Crise par le haut…Teengirl1 a retrouvé le sourire et l’envie de se lancer dans le vaste Monde !
Teengirl1 a toujours écrit et lu passionnément. C’est avec conviction et presque militantisme qu’elle a choisi à 16 ans de faire une 1ère puis une terminale Littéraire. Durant ces 2 années, malgré le rythme imposé par la préparation du Bac, elle s’était trouvé un équilibre entre ses études, ses amis et ses différents projets extra-scolaires. Sa mention Très bien aux examens finaux, mention à laquelle elle ne s’attendait pas, a été la cerise sur le gâteau. Elle était boostée et confiante pour démarrer sa nouvelle vie d’étudiante.
Entretemps, elle a consciencieusement déposé ses voeux dans la grosse machine Parcoursup. Nous l’avons aidée à finaliser ses choix en allant à quelques portes ouvertes et en interrogeant l’entourage sur leurs expériences. Teengirl1 était tiraillée entre des études d’arts et des études littéraires. Finalement, elle n’a postulé que dans des classes préparatoires littéraires et a été prise dans l’une d’elle à 3h de train de la maison. Elle avait opté pour ce cursus car il lui permettait d’être encore dans une ambiance cadrée type lycée et d’étudier les matières qu’elle aimait. Même si nous étions un peu surpris de ce choix, nous l’avons respecté. Tout était parfait !
Le mois de septembre n’a pas été facile. Teengirl1 a réalisé ce que c’était que de vivre seule dans son petit studio, de faire sa popote et ses courses et surtout d’être loin de sa famille. Un peu dépités d’entendre sa tristesse au téléphone, nous l’avons encouragée à tenir le coup.
Elle s’est fait de bons amis et appréciait les réflexions abordées dans les cours de Philosophie et d’Histoire-géo. Au fil des jours, le rythme est devenu de plus en plus intense : des colles (oraux) 1 à 2 soirs par semaine, des devoirs de 6 h chaque vendredi en plus des autres devoirs. Teengirl1 n’a pas lâché et a joué le jeu de préparer ses épreuves comme il se doit.
Puis les vacances de la Toussaint sont arrivées lui offrant un retour à la vie “normale”. Teengirl1 pouvait reprendre le temps de lire les livres qu’elle avait choisis, de dessiner, de sortir avec ses copines et de souffler. Après 1 semaine de relâche, il a fallu se replonger dans les cours. Là, grosse déprime ! Notre fille a craqué et a fini par nous dire qu’elle n’en pouvait plus de cette prépa dans laquelle elle avait le sentiment d’étouffer et d’avoir laissé de côté tout ce qui faisait qu’elle se sentait heureuse. Elle n’avait plus envie de parler concours, colles, révisions à longueur de journée. Elle voulait revivre !
Après beaucoup d’écoute et de nombreuses discussions parfois houleuses, nous avons compris que lui imposer de rester dans cette voie n’était pas la bonne solution. Elle a donc démissionné du lycée. Il était trop tard pour basculer en premier semestre de fac. Renseignements pris, elle s’est engagée vers un service civique pour se frotter aux réalités et se sentir utile. En parallèle, elle va essayer de passer les concours de Sciences Po.
Certains de ses amis lui ont demandé s’il elle ne vivait pas ce choix comme un échec. Question à laquelle elle a répondu : “je me suis juste bien plantée. La Prépa ce n’était pas pour moi contrairement à ce que je pensais dans ma tête. Aujourd’hui, j’ai fait d’autres choix qui me correspondent mieux. Au début, je croyais juste que j’aurais honte d’annoncer ce choix à mon entourage parce que j’avais peur qu’ils me jugent. Et finalement, non. Plus je parle de mes nouveaux projets et plus je me sens bien dans cette décision ».
Ouf ! La boucle était bouclée et de nouvelles aventures pouvaient commencer pour elle !
Par contre, dans nos têtes de parents, les choses n’ont pas été si simples et en coulisses, beaucoup de questions se sont bousculées.
Pourquoi ne pas imposer son choix de parents ? Après tout, nous savons ce qui est bon pour nos enfants ?
“Décider à l’avance d’une occupation future à laquelle l’éducation se contenterait de préparer, c’est nuire aux possibilités du développement présent” John Dewey
Il est vrai que cela aurait été tellement plus simple de lui dire : “tu dois continuer la Prépa jusqu’au bout et tu t’accroches parce que tu as le potentiel pour ça !”. Nous étions au départ très contents et très fiers pour elle. Elle avait choisi d’intégrer une filière vantée par ces profs comme étant un passeport assuré pour toutes les Grandes Ecoles. Pourquoi pas?
Nous voulons tous que nos enfants se choisissent des parcours qui garantissent un emploi bien payé à la clé, une situation stable et une bonne retraite. Parfois, nous avons même des plans pour eux et rêvons qu’ils perpétuent la tradition: être avocat de père en fils ou alors reprendre l’affaire familiale.
Pourtant, notre rôle n’est pas de préparer nos enfants à faire selon nos idées ou celles des professeurs. Notre rôle est de préparer nos ados à être eux-mêmes et à s’épanouir. Nous savons pertinemment que si nous leur imposons un futur où il bosseront 8 heures par jour et 5 jours par semaine minimum pour faire quelque chose qu’ils n’aiment pas ou pour lequel il ne sont pas faits, ils finiront par être aigris. Le choix des “tu dois” et de la sécurité ont un prix bien amer.
Un jeune qui fait ce qu’il aime aura plus de chance d’exceller, de progresser, de faire face aux obstacles et d’être créatif dans son domaine. Les portes s’ouvriront d’autant plus facilement pour lui et il aura plus de chance d’être heureux et de rebondir dans son parcours !
Le choix induit : une variante subtile du choix imposé
“Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, ils viennent à travers vous et non de vous.”, Khalil Gibran
Quand Teengirl1 m’a annoncé qu’elle était prise en Prépa, j’était ravie pour elle et à la fois interloquée. A l’époque, une petite voix me disait qu’il y avait un truc qui clochait et qui n’était pas cohérent dans ce choix. Je savais que ma fille était une créative, qu’elle avait besoin de liberté pour s’exprimer. Peu importe, je n’ai pas écouté cette petite voix et peut-être bien que mes peurs et ma fierté de parent ont pris le dessus.
Je me suis demandée dans quelle mesure ce choix était vraiment le sien. En refaisant le film, je me suis souvenue que le Proviseur et ses professeurs ont insisté pour qu’elle se dirige vers une classe d’Hypokhâgne. J’ai moi-même fait une Prépa Bio que j’ai plutôt bien vécue et c’est vrai que je n’ai pas du tout dissuadé ma fille alors que je sentais que c’était peut-être un choix par défaut pour elle.
Bref, même si je milite pour la liberté de choix de mes enfants, je me rends compte que si je n’y prends pas garde, mes désirs inconscients peuvent prendre le dessus à travers des gestes, des petites phrases ou des actes manqués.
Pour prendre conscience de ces “tu pourrais” que nous suggérons insidieusement à nos ados et limiter l’influence qu’ils pourraient avoir sur leur choix, nous avons 2 solutions :
- Veiller à bien nous connaître et à observer nos propres comportements pour pouvoir se dire à temps : “Ah ! là, ce sont mes rêves inachevés ou mes propres frustrations qui viennent polluer le débat !”
- Amener nos enfants à eux-aussi bien se connaître et à prendre conscience de ce qu’ils aiment ou n’aiment pas assez tôt dans leurs parcours. Ils pourront ainsi efficacement se préserver des “tu pourrais”.
Le véritable choix, celui du coeur
“Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs”, Nelson Mandela
Quand votre ado aura suffisamment exploré, expérimenté pour bien connaître ses talents et qu’il aura pu peser le pour et le contre des formations et métiers qui le tentent, alors il pourra plus facilement réaliser un choix éclairé. L’avantage c’est que, s’il s’est trompé, il assumera plus facilement ce choix car il ne sera redevable envers personne et ne portera pas tout le poids de cette culpabilité.
Mais à quoi sommes-nous utiles, nous, les parents ? Pas d’inquiétudes, il y a de fortes chances que votre ado vienne vous parler de ses projets. Peut-être hésite-t-il encore ? Peut-être aura-t-il besoin de vos retours d’expériences ? Dans ce cas, la dernière chose que nous avons à faire est de juger ses choix. Nous pouvons tout simplement lui poser la question de ce qu’il ressent lorsqu’il pense à ce métier ou à celui –là ? Quels besoins importants nourrit-il en adoptant tel ou tel choix ? Qu’est-ce que lui dicte son coeur ? Nous pouvons l’accompagner ainsi à dérouler ses pensées et à confirmer ou pas ses décisions.
Notre rôle sera aussi de lui donner l’occasion de prendre conscience pas à pas des réalités à travers les situations du quotidien et des expériences vécues en dehors de l’école. Ce sera beaucoup plus efficace qu’un long discours déconnecté du terrain. Pour cela, il suffit d’inciter assez tôt les enfants à s’impliquer dans la vie familiale de tous les jours, dans les projets associatifs du quartier ou du village ou dans des stages…Bref, faire en sorte qu’ils participent à la Vie qui les entoure !
Comment assumer ce choix de “laisser le choix” à nos ados en toute sérénité ?
“Le Sage regarde, en toutes choses, non le résultat, mais la décision qu’il a prise”, Sénèque
Je sais, ce n’est pas facile de lâcher-prise et de laisser nos ados construire leur Vie pas à pas au risque qu’ils se trompent. Accepter qu’il existera toujours une part de risque et d’erreur dès que nous nous mettons en mouvement rendra les décisions beaucoup moins pesantes et stressantes.
En y pensant bien, qu’est-ce qui peut leur arriver de pire s’ils se trompent d’orientation ? Qu’ils fassent le bon ou le mauvais choix, ils auront décidé par eux-même et ça, c’est une expérience qui dans tous les cas les fera grandir. Etre passif, subir et se laisser porter par le choix des autres ne leur apportera rien de positif et de stimulant.
De notre côté, veillons à être à quelques pas à côté d’eux pour les soutenir en cas de besoin et pour dédramatiser ces questions d’orientations. Ce qui compte c’est l’homme ou la femme qu’ils veulent devenir à long terme, n’est-ce pas ? Ce n’est pas parce qu’ils perdent une ou deux années à prendre les chemins de traverse que tout est fichu, bien au contraire.
Hélas, Nous n’avons pas le pouvoir de prévenir tous les aléas de la Vie ni de deviner quels seront les métiers de demain qui échapperont à la Crise. En revanche, nous avons le pouvoir de laisser place aux talents et à la force de caractère de nos enfants. Ce sont leurs seules vraies assurances-chômage dans ce Monde qui bouge à vitesse grand V.
Qu’en pensez-vous ? Quelles sont les plus grandes peurs que vous avez pour vos ados ? Qu’est ce qui pourrait vous aider à mieux les accompagner dans leurs choix d’orientation ? N’hésitez pas à laisser vos commentaires.
Pour aller plus loin :
Jetez un oeil du côté de Weeprep, une appli astucieuse et ludique qui aide les ados à apprendre à devenir eux-mêmes et à dédramatiser l’orientation scolaire. Le lancement est prévu pour fin du printemps, début de l’été 2019. Une communauté de parents mentors sera également accessible aux jeunes pour répondre aux questions des jeunes. A suivre !
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